La fièvre a-t-elle une utilité ?

La fièvre fait peur ...

  • surtout chez l’enfant, surtout la nuit,
  • en partie par ignorance de ce qu’est réellement la fièvre,
  • et aussi par crainte d’une maladie grave (méningite, septicémie, épidémie, ...), de la survenue de convulsions, du risque de déshydratation, ...

... comment être rassuré ?

  • par la connaissance des mécanismes de la fièvre, de ses effets positifs et des modalités de prise en charge possibles
  • en utilisant un thermomètre pour la mesurer et pouvoir ainsi surveiller son évolution
  • en soignant la personne (et non le thermomètre ... ! )
  • en sachant que la survenue de convulsions liées à la fièvre n’est pas un signe d’épilepsie ultérieure et qu’elle ne concerne en moyenne que 3 % des enfants de 6 à 36 mois avec une température centrale supérieure à 39°C 

Le degré et la rapidité d'installation et/ou d'augmentation de la température corporelle ne sont pas en eux-même des critères de gravité de la maladie.

La fièvre est généralement plus élevée chez les enfants que chez les adultes

La fièvre en elle-même n’est pas dangereuse même si elle est inconfortable.

Quand considérer que nous avons de la fièvre ?

 La Fièvre est l'augmentation de la température centrale au-delà de 37,7°C d’une personne normalement couverte, dans une atmosphère tempérée et en l’absence de toute activité physique => Température supérieure à 37,5°C le matin et 38°C le soir.

La différence entre fièvre et hyperthermie

L'hyperthermie est l'incapacité de l’organisme à maintenir l’équilibre thermique, malgré un réglage normal du thermostat  à 37,7°C, par dépassement des capacités d’autorégulation de l’organisme, en cas d'exercices musculaires intenses, de température extérieure très élevée, de diminution des capacités de sudation, d'hydratation insuffisante

La fièvre est une crise curative, un anti-infectieux naturel ("antibiotique" et "antiviral")

La fièvre est un mécanisme physiologique naturel de défense et de réparation de l'organisme pour

  • inhiber la multiplication de germes pathogènes (virus, bactéries, etc.),
  • stimuler l’action du système immunitaire (lymphocytes),
  • diminuter le temps de portage des agents pathogènes, 
  • stimuler l’élimination des toxiques et toxines par l'augmentation du retour veineux (accélération du rythme cardiaque: + 10/min par 1°C au dessus de 37°C) et l'hyper ventilation 
  • dissoudre (et donc mobiliser et éliminer) des déchets accumulés (par ex. dans les articulations)
  • stimuler le drainage lymphatique
  • stimuler les 4 émonctoires naturels que sont les poumons, les reins, la peau et le tube digestif): nettoyage interne ++

Les effets désagréables ressentis en cas de fièvre

Ce sont des courbatures, une gêne abdominale, une perte d’appétit, des maux de tête, des nausées, des douleurs articulaires, ... d’autant plus importants qu’il y a beaucoup de toxines à éliminer (chez les adultes plus que chez les enfants), la fatigue et la diminution de l’appétit => l’organisme consacre toute son énergie à la réaction immunitaire +++

Malgré l'inconfort qui en résulte, tant qu'elle est bien supportée, il est important de respecter la fièvre en évitant la prise "automatique" et systématique de médicaments antipyrétiques et antiinflammatoires.

Comprendre les principes de base de la thermorégulation et la notion de "cycle" de la fièvre

Le principe de base de la régulation thermique du corps est le maintien de la stabilité => « +/- 1°C autour de 37°C » grâce à des mécanismes physiologiques d’autorégulation: production de chaleur / perte de chaleur (" thermostat " au niveau de l'hypothalamus)

  • quand la température chute => frissons, production cellulaire de chaleur (ATP), ralentissement de la circulation sanguine sous-cutanée et adaptation comportementale (vêtements, boissons chaudes, position recroquevillée)
  • quand la température augmente => augmentation de la circulation sanguine sous-cutanée, évaporation cutanée (transpiration +/- sudation) et respiratoire

***

Le " cycle " de la fièvre

? réglage du thermostat au dessus de 37,7°C en réaction à un signal d’alarme comme une invasion virale ou bactérienne

par ex. si réglé à 40°C ? nécessité de produire + 2,3°C 

  • initialement pâleur et sensation de froid 
  • mise en route des mécanismes de production de chaleur (frissons, etc.) jusqu’à atteindre la valeur fixée par le  thermostat 

? température maintenue en plateau à la nouvelle valeur du thermostat (par ex. à 40°C) pendant le temps nécessaire à la lutte contre l’invasion virale ou bactérienne

  • frissons en dessous de 40°C
  • transpiration au-delà de 40°C

? phase de défervescence après nouveau réglage du thermostat central à la température habituelle (37,7°C)

  • augmentation de la circulation sanguine sous-cutanée: rougeur cutanée
  • accès de sueurs +/- abondantes

Moyens d'action en cas de fièvre

  • 1ère phase (frissons) => couvertures, boissons chaudes
  • 2ème phase (alternance frissons/transpiration) => boire des liquides à température ambiante ou maxi 40°C (eau, bouillons de légumes, boissons à base de jus de citron avec miel ou sirop d'érable, ...) + se couvrir si frissons ou se découvrir si transpiration (+/- poches de glace dans un tissu ou serviettes mouillées essorées sur le front, le cou, les plis de l’aine, le creux des aisselles)
  • 3ème phase (augmentation de la circulation sanguine sous-cutanée): boissons à température ambiante ou fraîches (voire sucer des glaçons), brumisation, ventilation et aération de la pièce, poches de glace ou serviettes mouillées (cf. 2ème phase)

 

HYDRATATION régulière en dehors des boissons signalées ci-dessus, avec au moins 1 grand verre d’eau par heure pour un adulte (au moins 5 mL par tranche de 10 kg de poids corporel).

Quel type d'eau choisir? ? à faible taux de résidus secs (extraits secs à 180°C, cf. mention sur l’étiquette), < 150 mg/L (idéalement < 50 mg/L), avec un pH plutôt proche de 7 que de 5.

Pour information, les eaux du robinet et les eaux autorisées aux biberons peuvent contenir jusqu’à 1000 mg/L selon les endroits. 

Maximum 2 tasses de tisane ou de thé par jour.

Pas de sodas ni de jus de fruits à base de concentré.

 

 

 

IMPORTANCE DE LA MISE AU REPOS A LA FOIS PHYSIQUE ET INTELLECTUELLE, A CHACUNE DES PHASES.

 

Conséquences du non respect de l’évolution naturelle de la fièvre

  • diminution de l’intensité de la réaction naturelle de défense de l’organisme
  • récidive à distance ou sous une autre forme si l’organisme n’a pas pu procéder à un nettoyage correct, selon la cause de la fièvre
  • altération progressives du système immunitaire de l’organisme (« déconnecté » des mécanismes physiologiques)
  • notion de retard possible à la guérison des maladies virales / prise de médicaments antipyrétiques, voire de survenue de complications (en particulier avec les médicaments anti-inflammatoires, ce qui est déjà connue par ex. pour la varicelle)
  • pas de différence sur la durée moyenne de la fièvre entre la prescription de paracétamol et celle d’un placebo (uniquement sur la sensation de confort)
  • pas de rôle préventif démontré des antipyrétiques sur la survenue de convulsions hyper thermiques

NB: se rappeler que de manière générale, la chimie des médicaments est complexe et que la fièvre elle-même peut modifier leur pharmacocinétique (y compris concernant les antipyrétiques).

Quand se méfier de la fièvre ?

  • nouveau- né et jeune nourrisson (moins de 3 mois)
  • antécédent d’insuffisance cardiaque, d’insuffisance respiratoire
  • fièvre élevée (+ de 40,5°C) 
  • fièvre prolongée (+ de 5 jours)
  • rougeur localisée douloureuse qui s’étend rapidement, tâches rouges sur la peau qui ne blanchissement pas quand on appuie dessus, signes urinaires, crachats purulents, douleurs dentaires
  • troubles de la vigilance, confusion
  • mauvais état général (notion de terrain +++)
  • grossesse et allaitement
  • dans les suites d ’une intervention chirurgicale
  • ...

DANS TOUTES CES SITUATIONS, UN AVIS MEDICAL EST INDISPENSABLE

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